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24 avril 2023 1 24 /04 /avril /2023 18:07
St Cecilia ( 1896 ) par John Melhuish Strudwick ( British painter ) 1849 - 1937 .

St Cecilia ( 1896 ) par John Melhuish Strudwick ( British painter ) 1849 - 1937 .

 

 

 

Le Professeur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Première Partie :

Terre Nouvelle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - Couleur d'Âmes

       

 

" Il y a une fissure dans tout ,

  C'est ainsi que la lumière pénètre ... "

Leonard Cohen - " Anthem " *

 

       

 

        

 

 

        1 - 2021 - " Je me rappelle encore ce mardi 11 mai 2021 " , notais-je dans mon journal , quand , par un " motu proprio " rappelant le rôle de Saint Jean D'Avila ,  le pape avait présenté le ministère de catéchiste comme une urgence pour l'évangélisation du monde ... « Antiquum ministerium », avait-il dit de lui , ce qui semblait paradoxal , son objectif étant d’avoir une vision claire de l’avenir ... J'avais lu ça dans le quotidien français

" La Croix " dont je m'efforçais , bien que circonspect , d'être un lecteur fidèle au gré de mes finances délicates .

( 1 )

       2 - 1975 - J'étais , à l'époque , prof dans un lycée privé , pas très loin de cette partie de la Bretagne sud où j'habitais alors , proche de la presqu'île de Rhuys .

             Que s'était-il passé ? , me demandais-je , tandis que , cheminant jusqu'à ma petite maison posée tout là-bas , le long de la grève , comme une fortune de mer mal éclairée de lune , je remuais au loin ces fantômes du crépuscule , ombres d'un passé trop lourd que , chaque soir , je tentais d'oublier pour m'endormir !  Qu'en était-il des siennes ? 

             - J'ai besoin de marcher pas vous ? On ferait mieux d'aller faire un tour pour prendre l'air ! , m'avait-elle enfin lancé , ce soir-là , d 'un oeil vif , inquiet . 

             Je dois l'avouer , j'avais honte , cependant , mais je me levais vite pour la suivre .

             Pour , disait-elle , s'aérer la

tête , elle s'était mise avec force , aspirant celui du grand large , à psalmodier un air à la mode :

 

 

Je pourrais te montrer ,

  Pour y aller , c'est très facile ,

  Ferme les yeux ,

  Laisse s'entremêler tes cils ,

  Déjà , nous y voilà ,

  Bienvenue sur la Baie ... " ( 2 )

  

            Au-dessus , tournoyant en

bandes , mouettes et goélands , dans un tintamarre de cris sauvages ,

paraissaient , eux , se moquant de nous , faire vraiment la fête !

 

 

" La musique souvent me prend comme une mer ! , écrivait l'auteur des " Fleurs du Mal
  Vers ma pâle étoile
  Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther ,

  Je mets à la voile ... " ( 3 )

 

 

            Alors , clapotant dans des vagues d 'écume , je repensais à ce deuxième concerto de Brahms dont elle venait , pour notre dernier soir ensemble , de jouer le 4è mouvement , qui , selon l'une de ses interprètes , ressemblait aux couleurs de nos âmes , " déchirures des ciels d'église que transperce l'incendie rouge d'un rai de lumière venu des profondeurs de l'espace et dont on ne savait jamais d'où elle jaillissait , de l'enfer ou du soleil ! "  ( 4 )

     

     3 - Cette histoire avait pourtant commencé bien avant la chute du " mur " de Berlin , lorsque Cécile débarqua chez moi pour , croyais-je , prendre son premier cours particulier de piano .

           En effet , c'était une de mes passions que l'étude des grands maîtres désireux sans doute , par l'orchestration de leur vie , sinon de transmettre à leur manière une oeuvre aux élèves les plus assidus , du moins , d'en chercher avec eux cette écoute différente , et disait

Proust , complémentaire , chez ceux qui sauraient nous en " montrer quelle richesse , quelle variété , cache à notre insu cette grande nuit impénétrée et décourageante de notre âme que nous prenons pour du vide et pour du néant " !

( 5 )           

           L'artiste ne doit-il , comme le voyageur , n'est-ce pas , prendre le temps de laisser baigner ses yeux dans l'obscurité la plus complète avant d'en voir surgir enfin l'éclat d'une éblouissante révélation ?

 

" Qui cherche pour changer me trouve au fond de l'âme , observe encore

le poète .

  L'on me nomme univers et l'on me dit sans coeur ,

  Et si je parais noir ainsi qu'un étrangleur

  C'est pour mieux éveiller votre désir de flamme ... " ( 6

 

 

 

 

 

( A Suivre ) 

 

                                 

                                ___

  

DAN AR WERN - Le Professeur - Première Partie - Terre Nouvelle- Couleur d'Âmes ( 1, 2 , 3 ) - Tous droits réservés - " Le Professeur " , copyright 2023 .                          

                         ___

 

Notes :

1 - Saint Jean D'Avila ( 1499 - 1569 ) , prêtre catholique espagnol , docteur de l'église fêté le 10 mai .

     " Antiquum Ministerium " , lettre apostolique sous forme de " Motu proprio " du pape François , publiée le 10 mai 2021 , dans lequel il définit le ministère laïc du catéchiste .

2" La Baie " , chanson de Joseph Mount adaptée par Clara Luciani sur son album " Sainte-Victoire " - Copyright 2019 Clara Luciani / Universal Music Publishing - All rights reserved .

3 - " La Musique " , poème de Charles Baudelaire dans " Les Fleurs du Mal "  , Spleen et Idéal , LXIX ( 1861 ) .

4 - " Leçons Particulières " ( 2005 ) , 9 , d'Hélène Grimaud .

5 - " Du Côté de Chez Swann " ( 1913 ) de Marcel Proust .

6 - " Le Porteur de Lumière " ( 1835 ) , le plus ancien poème de Baudelaire .

 

* " Anthem " de Leonard Cohen ( 1934 - 2016 ) dans son album " The Future ", copyright 1992 Leonard Cohen / Sony Music Entertainment Inc. " Columbia " - All rights reserved :

" There's a crack in everything ,

  That's how the light gets in ... "

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23 avril 2023 7 23 /04 /avril /2023 18:13
MEMENTO ( Souvenirs d'un Voyageur sur la Terre ) - IV - Nice ( 12 ) - Teachers .

MEMENTO

( Souvenirs d 'un Voyageur sur la Terre )

 

 

" Qu'importe le sillon que tu sèmes
  Sur les collines de la vie ... "

Glenmor - " Memento " *

 

 

 

 

 

 

 

 

IV - Nice

        ( 12 -Teachers )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour Leonard Cohen


 

 

 

 

 

     

 

 

" Are you the teachers of my heart ? "
Leonard Cohen - " Teachers " *

     

 

 

       

 

 

 

 

       12 - Mais il ne s'agissait pas simplement d'une balade agréable au long d'un sentier bordant le littoral . Julien Gracq , lui , nous proposait , dans l'une de ses oeuvres , d'emprunter le " Grand Chemin  " de sa mémoire pour y déchiffrer les méandres tortueux d'une destinée fugitive et secrète , celle d'un pauvre voyageur sur la Terre . ( 74 )
Périlleuse entreprise que celle de vouloir aller plus loin que l'apparence !
On ne sait pas pourquoi , en effet , la dramatique symphonie de " La Comédie Humaine  " présente , bien souvent , l'inachèvement comme symbole , ou symptôme , d'une faiblesse architecturale incompréhensible .

( 75 )
" Tout meurt , l'âme s'enfuit et , reprenant son lieu ,
   Extatique , se pâme au giron de son Dieu
. " ( 76 )
              Alors , que penser d'un tel parcours ?
              Mon âme éperdue y dessinait un rêve , celui d'un jeune homme en quête d'explications .Tel visage du passé s'y promenait comme une ombre , et sa trace évanescente venait y mourir aussi , sur les rives incertaines d'une adolescence d'autrefois .
J'entendais sa voix particulière , dont le timbre mélancolique résonnait au travers de l'espace , au milieu du choeur plaintif des mélopées de l'immense tribu des Hommes .
J'écoutais cette petite chanson dont les tristes paroles réveillaient , parfois , la nostalgie de mon coeur .

LUX AETERNA ! ( 77 )
Viendrait , sans doute , le temps de refaire la route en sens inverse , me dis-je , puis de la retrouver ...
              Royaume perdu de mes souvenirs trop lourds , je m'imprégnais , sans le savoir , de ta présence . Et comme ce jeune apprenti-médecin de " La Chronique des Pasquier  " , mon idole d'alors , je cherchais à te déchiffrer dans la sacro-sainte parabole des " Maîtres " .
Mais qui étaient-ils , ceux-là ? Sans doute ni Rohner , ni Richet... ( 78 )
Je ne ferais jamais partie de leur élite scientifique , celle des laboratoires de recherche .
              Mon pays , c'était mon âme

sauvage , ouverte à tous les vents de la jeunesse et de l'aventure , courageuse comme une caravelle solitaire à la découverte d'un nouveau monde , et terriblement incapable de comprendre cette petite route , au-dessus de la mer , que gravissait  avec tant de peine ma bicyclette , vers le sommet de la montagne.
              Mes lectures m'entraînaient dans une nostalgie de l'ailleurs .
C'était l'époque du " Flower-Power " ( 79 ) .
Nous avions choisi le retour du Romantisme . Tandis que ceux des Beatles , à chacun de leurs disques , devenaient plus longs , mes cheveux pousseraient donc un peu plus avec les leurs , témoignage de " notre  Révolte " , manifestée par cette floraison printanière des " Sixties " ...
Je me souviens de Raoul Mille , brillant journaliste , et chroniqueur , aujourd'hui , de " Ma Riviera  " , que j'avais croisé sur sa mobylette , avenue de la Victoire , avec une belle toison sur le crâne , et de grandes mèches  bouclées tout autour . ( 80 )

              A la Fac de Lettres , j'essayais difficilement de mettre en pratique , auprès des filles , car j'étais timide , les théories de mon professeur , l'éminent Jean Richer , qui m'initiait aux grands mystères philosophico-religieux de Novalis et de sa Fleur Bleue , comme à la poésie hermétique de Gérard de Nerval . ( 81 )

" Suis-je Amour ou Phébus ?.. , me demandais-je , Lusignan ou Biron ?
  Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
  J'ai rêvé dans la grotte où nage la

syrène ... 

  Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
  Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
  Les soupirs de la sainte et les cris de

la fée ... " ( 82 )

              Je m'identifiais à d'autres garçons de mon âge , dont j'aurais souhaité gagner le coeur , imiter les gestes , m'inventant, pour exorciser cette crainte inavouée de l'autre sexe , ô combien terrifiant ,  des amitiés très pures qui n'existaient , sans doute , que dans mes rêves ...
Mais , en fin de compte , je finissais par me dire qu'ils seraient tous , garçons ou filles , bien plus accessibles dans les livres que j'aimais tant , mon refuge , et là , plus éloignés , fort heureusement , de cette force violente et terrible qui se dissimulait en moi , derrière l'usage d'une vie quotidienne routinière , avec cette angoisse impitoyable étreignant tout mon être .
Trop souvent , je me sentais comme un chien fou retenu par une laisse , coincé dans une réalité trop étrangère à " mon Amour " , et si lointaine d'un idéal jugé inaccessible .
Alors , c'était le beau visage mélancolique d'une jeune fille à peine entrevue , surgissant sur la Promenade ou dans les Collines , qui me faisait souffrir , parce que je ne la reverrais peut-être plus , que je ne saurais jamais quoi lui dire ...
              Et , tel un nouvel Ulysse , je m'élançais comme Joyce , autre sujet d'étude , à la poursuite de ma nymphe Calypso , dans le dédale des rues de la Vieille Ville . ( 83 )


 62132.jpg                                     

              Les chants celtiques de Yeats me venaient aux oreilles , lorsque j'engageais avec flamme une discussion littéraire avec mon copain d'origine irlandaise , où lorsque je disputais les balles d'un tennis endiablé avec les frères écossais McLeod , à La Colle-Sur-Loup :
" La beauté d'une femme est comme un frêle oiseau
  Blanc , comme un oiseau des mers
  Seul quand le jour se lève après une nuit de tempête
... " ( 84 )

                            bouguereau105.jpg           

              " Voilà pourquoi j'aime mon

paysage , écrivait Le Clézio .
" Il ne change jamais . C'est de la terre , une ville sale et bruyante , du soleil , la mer , la brume et la chaleur ...
" Je suis chaque carré de cet espace , et ma chambre , alvéole minuscule encastré dans le domaine où je suis né , m'abrite tout le temps . 
Il n'y a pas d'étranger . Il n'y a pas de monde . Il n'y a pas de patrie
... " ( 85 )
Si , toutefois , lui répondrais-je . La " Cité Magique  " dont parlait Max Jacob en évoquant sa ville natale , faisait écho aux accents lyriques de mon professeur d'histoire-géo du Parc Impérial , ​​​​​André Compan , célèbre spécialiste du " Païs Nissart  " . ( 86 )
Ainsi , " ma  " lointaine Bretagne vivait en moi par sa langue , peut-être un peu différente de celle de Francis Gag , mais tellement belle ! 

( 87 )
" Que te dirais-je ? , confiait le poète de Quimper . Que je suis un exilé breton ? Que mon coeur y est toujours , dans ce pays , que je m'ennuie de lui , et que je n'ai de ma vie jamais fusionné avec rien d'autre ? " ( 88 )
              Rien d'autre ?
              Sur les plages de 68 , alors que , tout autour , c'était la révolte , je regardais l'infini .
" A l'ombre des jeunes filles en fleurs  "

( 89 ) , je me passionnais pour la vie de Jacques Thibault , militant pacifiste de " L'été 14  " , qui devait me ressembler un peu . ( 90 )
Donnant plus de distance , le clapotis des vaguelettes berçait ma conscience assoupie de fugitif : Saint-Laurent-Du-Var , c'était encore la campagne , et les " tubes  " de Simon & Garfunkel , au milieu des champs de roseaux , des marécages , confortaient ce sentiment d'exil intérieur et de solitude ...

" I am a Rock , I am an Island ... " ( 91 )
                                    
              Qui étais-je , à cette époque ?
Je ne croyais pas à l'engagement social , ou bien , peut-être , n'avais-je pas encore renoncé
" au vertige de l'individu  " qui possède son langage à lui et chemine avec sa propre folie dans une Quête du Graal toute personelle .
" Celui qui a su s'accepter comme tragique , celui qui a su être le héros de sa vie , a des chances de comprendre le monde . 
Il s'est fait homme , et la société peut naître en lui
  " , note Le Clézio ( 85 ) .
Plus tard , je découvrirais avec un tremblement de fièvre , l'illustration symphonique de cette thèse consolatrice , dans le merveilleux poème de Richard Strauss , " Une Vie de Héros  " ( 92 ) .

              Mais , en attendant , j'avais " vu le soleil se coucher sur le paysage ... Et la nuit s'était mise à tomber ... comme ça , petit à petit , avec ses grands et terribles glissements d'ombre terne " .
" Et le reste avait cessé d'être visible " ...

( 85 )

              Puis , en suivant vers le large une silhouette fugitive de navire s'effaçant dans l'infini , je repensais à Hugo : " Être abandonné , c'est être délivré ... " ( 93

 

 

 

 

 

FIN

 

                                 

                                ___

  

DAN AR WERN - MEMENTO ( Souvenirs d'un Voyageur sur la Terre ) - IV - Nice ( 12 - Teachers ) - Tous droits réservés - " MEMENTO " , copyright 2023 .                          

                                                 ___

Notes :

74 - " Carnets du Grand Chemin  " , par Julien Gracq , José Corti , 1992 .
75 - " La Comédie Humaine  " , cycle romanesque d'Honoré de Balzac , composé de 1830 à 1850 .
76 - " Les Tragiques  " ( 1616 ) , Livre VII , par Agrippa D'Aubigné .
77 - " Luc Aeterna  " , par György Ligeti , musique du film " 2001 , L'Odyssée de l'Espace " ( 2001 , A Space Odyssey ) , par Stanley Kubrick ( 1968 )
Original Soundtrack , Copyright 1968 , Polydor International . All rights reserved .
78 - " Chronique Des Pasquier  " , cycle romanesque de Georges Duhamel ( 1933 -

1944 ) , comprenant dix volumes . Tome VI , " Les Maîtres " , Mercure de France  , 1937 .
79 - Slogan hippie des années 60/70 .
80 - Raoul Mille ( 1941 - 2012 ) , auteur de " Ma Riviera  " , 4 volumes , éditions Giletta-Nice-Matin ( 2002 - 2005 ) , " Les Amants du Paradis  " ( Prix Interallié 1987 ) , etc ...

Avenue de la Victoire = ancien nom de l'avenue Jean Médecin .
81 - Jean Richer ( 1915 - 1992 ) , professeur émérite à l'Université de Nice , écrivain , auteur de " Aspects ésotériques de l'oeuvre littéraire  " , Dervy , 1980 , de " Gérard de Nerval , expérience vécue et création ésotérique  " , Trédaniel , 1987 .
82 - " El Desdichado  " ( 1853 ) , in " Les Chimères  " ( 1853 ) , par Gérard de Nerval .
83 - " Ulysse " ( Ulysses ) - 1922 - par James Joyce ( 1882 , Dublin - 1941 , Zurich ) , romancier , poète irlandais expatrié .
84 - Patrick et Philippe Mac Leod ( 1954 - 2019 ) , poète mystique français

d'origine écossaise .

       " L'Unique Rivale d'Emer "  ( The Only Jealousy of Emer ) , seconde des quatre " Pièces pour Danseurs " ( Plays for

Dancers ) , jouée à Londres en 1916 , par William Butler Yeats , poète irlandais ( 1865 , Dublin - 1939 , Roquebrune-Cap-Martin ) .
85 - " L'Extase Matérielle  " , Gallimard , 1967 , par Jean-Marie-Gustave Le Clézio , né à Nice en  1940 .  
86 - Max Jacob ( Morven le Gaélique1876 - 1944 ) , poète , romancier , peintre né à Quimper
 ,

       André Compan ( 1922 - 2010 ) , écrivain niçois , félibre , auteur de " Histoire de Nice et de son Comté  " ( 2001 ) et de " Glossaire raisonné de la langue niçoise " ( 2002 ) , Serre éditeur , etc ...
87 - Francis Gag ( 1900 - 1988 ) , écrivain de langue niçoise , homme de théatre , metteur en scène , auteur de " Lou sartre Matafiéu  " ( 1922 ) , " La Pignata d'Or  " ( 1936 ) ,

etc ...
88 - " Lettre à Jean Cocteau du 8 mars 1926  " , in " Max Jacob / Jean Cocteau , correspondances 1917 - 1944  " , cité par Béatrice Mousli dans son livre intitulé " Max Jacob  " , collection " Grandes Biographies " , Flammarion , 2005 .
89 - " A L'Ombre des Jeunes Filles En Fleur  " ( 1919 ) , Gallimard , Prix Goncourt , second tome d' " A La Recherche du Temps Perdu  " , roman de Marcel Proust dont l'écriture s'élabora de 1908 à 1922 .
90 - "Les Thibault  " ( 1922 - 1940 ) , cycle romanesque de Roger Martin Du Gard , Tome VII , " L'Eté 1914  ".
91 - " I Am A Rock  " , chanson de Paul

Simon , 1965 , Pattern Music LTD , Sony Music Entertainment Inc. / COLUMBIA . All rights reserved .
92 - " Une Vie de Héros " ( Ein Heldenleben ) - 1898 - , par Richard Strauss ( 1864 - 1949 ) .

93 - " Les Travailleurs de la Mer  " , Victor HugoDéjà cité : " Gilliatt et la Pieuvre  " ) .

 


                                       

                  images-coucher-de-soleil-sur-la-c--te-d-azur.jpg  


 

" Toi , tu m'as vu , tu m'as aimé dans le pays des ombres ... "

Saint Augustin

 

 

 

 

 

 


                              ___

* " Teachers " , a song by Leonard Cohen , Copyright 1966 , Project Seven Music , in " Songs of Leonard Cohen " , Columbia , 1968 , Sony Music Entertainment Inc .



                                                     
                                  Douleur-damour.jpg   

" Douleur d'Amour  " ( Détail , 1899 ) , par William Bouguereau .

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22 avril 2023 6 22 /04 /avril /2023 15:46
Pointe Ste-Hospice et sémaphore du Cap-Ferrat
Pointe Ste-Hospice et sémaphore du Cap-Ferrat

Pointe Ste-Hospice et sémaphore du Cap-Ferrat

MEMENTO

( Souvenirs d 'un Voyageur sur la Terre )

 

 

" Qu'importe le sillon que tu sèmes
  Sur les collines de la vie ... "

Glenmor - " Memento " *

 

 

 

 

 

 

 

 

IV - Nice

        ( 11 - Jeux de Vagues )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour Claude Debussy


 

 

 

 

 

     

 

 

     

 

 

       11 - Nous ne savons rien , sans doute , sinon que l'écume du large , ourlant le sable , y ronge impitoyablement les nombreux châteaux de nos illusions , de nos pauvres 

songes , découvrant peu à peu , enseveli sous nos pieds , comme un chemin d'âme bordé de croix vers d'insondables profondeurs . Mais cet autre monde , où , parfois , nous partons la nuit nous aventurer , n'est , sans doute , qu'un univers double où , telles des sirènes , se faufileraient d'étranges créatures venues nous visiter . Le jour aussi , longeant ses sentiers d'abîmes , la mer nous appelle de ses jeux de vagues , de ses reflets d'ambre ou des flots majestueux nous ramènent , par la force du ressac et le mouvement de sa houle , aux pays lumineux d'une jeunesse trop tôt disparue .

             J'allais le long de la pointe Saint-Hospice , marin solitaire , pensant au périple au long cours devant , à l'avenir , me conduire sur une côte lointaine , à l'autre bout mystérieux de ma mélancolie .

" Croyez-vous au Paradis ? , me demandait Xavier Grall . J'ai rêvé ma vie avant de l'accomplir ... " ( 72 )

            Avec cette espèce d'aurore naissant en mon coeur , mes yeux parvenaient à s'ouvrir davantage , forçant mon esprit à mieux concevoir l'immensité des lointains ! Puis , j'avais fini par m'asseoir sur un muret faisant face au moutonnement contrasté de l'eau agitée de mistral , m'amusant à voir voler mes soeurs les mouettes moqueuses dont l'étrange cri de rage hurlait secrètement en moi , dans le scintillant clair-obscur des ondes , ces mots d'une langue maternelle enfin retrouvée , la mienne , me permettant de retraverser ce gouffre énorme pour pouvoir , au-delà , rejoindre mon vrai corps !

            Quelle n'avait été ma surprise , en effet , depuis que j'avais entrepris , grâce aux cours par correspondance de madame De Bellaing , d'apprendre les premiers rudiments du " brezhoneg " dans le livre de Roparz

Hemon : " Alanig an Tri Roue " ! ( 73 )

            A ma patrie , lignes et couleurs donnaient maintenant ses vraies formes , bien différentes , malgré tout , de cette péninsule que je m'efforçais , chaque fois , de circonscrire sur l'Hexagone * , et si ma famille y ressemblait encore à un sombre archipel , je comprenais , moi , l'îlot déserté , qu'une petite lueur du phare mystérieux se cachant derrière les arbres venait subitement éclairer mon ciel impétueux !

 

 

 

 

 

 

 

 

( A Suivre ) 

 

                                 

                                ___

  

DAN AR WERN - MEMENTO ( Souvenirs d'un Voyageur sur la Terre ) - IV - Nice ( 11 - Jeux de Vagues ) - Tous droits réservés - " MEMENTO " , copyright 2023 .                          

                                                 ___

Notes :

72 - " L'Inconnu me Dévore " , 1984 , de Xavier Grall ( 1930 - 1981 ) , poète , écrivain , penseur breton .

73 - " Alanig an Tri Roue " , AL LIAMM , 1950 ( Couverture de Xavier De Langlais ) , conte en langue bretonne de Roparz Hemon ( 1900 - 1978 ) , linguiste , romancier , penseur breton .

       Geneviève dite Vefa De Bellaing ( 1909 - 1998 ) , militante , écrivaine bretonne .

 

 

* Hexagone = la France limitée au territoire métropolitain .

MEMENTO ( Souvenirs d'un Voyageur sur la Terre ) - IV - Nice ( 11 ) - Jeux de Vagues .

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20 avril 2023 4 20 /04 /avril /2023 16:41
Tine , Michael Peter Ancher ( 1849 - 1927 )

Tine , Michael Peter Ancher ( 1849 - 1927 )

MEMENTO

( Souvenirs d 'un Voyageur sur la Terre )

 

 

" Qu'importe le sillon que tu sèmes
  Sur les collines de la vie ... "

Glenmor - " Memento " *

 

 

 

 

 

 

 

 

IV - Nice

        ( 8 , 9 , 10La Fille de Rosporden )

 

 

 

 

 

 

Pour J.M.G Le Clézio


 

 

 

" Ich hatte viel Bekümmernis "

Johann Sebastian Bach ( 1685 - 1750 ) ,

Cantate BWV 21 .

 

     

 

 

      8 - Premiers balbutiements de l'amour , premières interrogations ... Dehors , souffle le vent de la révolte ( Mai 68 ) , mais

dedans , l'on se sent en prison .

Difficile de sortir de sa coquille . On ne veut plus grandir . ( 47 )

" Mon âme a son secret , ma vie a son mystère ,

  Un amour éternel en un moment conçu ... "

           Résonnaient en mon coeur ces stances mystérieuses du Sonnet d'Arvers ( 48 ) .

N'y cherchaient-elles pas l'écho tourmenté de ma peine , pour y enfouir la Beauté de leur questionnement ?

" Qu'y a-t-il au fond de moi pour que j'aie si mal ? , interroge Lucile avec désespoir . Qui suis-je pour éprouver avec une telle intensité le désir profond de n'être plus rien ?... "

( 49 )

           La  fascination du néant , " cette immense tristesse profonde , comme un puits noir " qu'évoque Le Clézio ( 50 ) . 

J'avais fait mien l'émerveillement de Belphégor , dans le film envoûtant de Claude Barma , lorsque Laurence ,  "mieux qu'un vers d 'Apollinaire " , exprime sa nostalgie des " Echelles du Levant  " , ces villages qui lui ressemblent , portes vers l'Orient que la poussière et la chaleur écrasante du Soleil enfouissent dans le sable du désert .

" Qui est Belphégor  ? , lui demande André . Toi , tu as une âme ...

" Justement l'âme , finit-elle par lui répondre avec dédain ,  j'ai horreur de ça ; ça vit

caché , loin de la lumière , collé au corps ; ça a des goûts étranges ... ( 51 )
 

           Jean-Paul , poète romantique d'outre-Rhin , souffre de la même angoisse , avant de connaître l'illumination révélatrice venue du Ciel . N'avoue-t-il pas à Goethe : " Après la mort , au moins , on apprend ce qu'est

le Moi " ? ( 52 )

           Dans le roman d'Oscar Wilde , Dorian Gray croit voir  enlaidir , peu à peu , son âme , dans un tableau de jeunesse qui reproduit magiquement tous les péchés commis par son modèle . ( 53 )

Et que lit donc ce peintre flamand , dont l'itinéraire est une quête hasardeuse vers la création , sur le visage inquiet d'Esther , où l'on décèle " une tristesse ancienne et profonde " ?

Serait-ce l'image d'un enfant , celui d'une bien-aimée ou d'une parente disparue ?

Ou bien celle de la Vierge éternelle , à la

" pureté merveilleuse  " , qui hante son être insatisfait d'une question fondamentale .

Mais pourra-t-il vraiment se justifier de sa

vie , de son art ?

" Des signes de Dieu traversaient-ils encore aujourd'hui le monde , ou ne s'agissait-il que de simples prodiges de la vie ? " ( 54 )

           Telles étaient les questions lancinantes qui , plus ou moins consciemment , troublaient mon jeune esprit .

           Paradoxalement , j'avais beau essayer de raisonner cette angoisse , l'idée de mourir un jour , de vieillir , ou même de rester seul après le départ d'un proche , ma mère , par exemple , m'était insupportable et pouvait se transformer en cauchemar . En même temps , je souhaitais mieux connaître toutes les pensées de celles et ceux croisés dans la ville ou au lycée , dont le charme énigmatique m'attiraient par une sorte de magnétisme inexplicable ! Qui étaient-ils vraiment ? Dans quelle contrée mystérieuse devais-je les rejoindre ? Où donc s'envolait-il , mon joli rêve au coin d'une rue ?

" Il est des êtres beaux comme un matin du monde ... " ( 55 )

Allaient-ils s'évanouir , eux aussi , telle Eurydice au pays des sortilèges ? 
           Pourtant , " les miroirs sont les portes par lesquelles la mort vient et va  " , dit Heurtebise à Orphée . ( 56 )

              L'un des plus beaux films d'Hitchcock , " Vertigo  " ( Sueurs Froides ) , montre un homme victime de sa faiblesse et d'un handicap , un peu comme le héros grec ou moi-même , tombant amoureux d'une créature de rêve , dont l'existence est en sursis . Madeleine semble victime , en effet , d'une obsession maladive qui hante sa conscience coupable d'un véritable chemin de ténèbres . Sans doute aussi parce qu'elle lui ressemble , s 'imagine-t-elle véritablement possédée par le souvenir de Carlotta Valdez , une aïeule  devenue

folle , et qui s'est suicidée peu après qu'on lui ait pris son enfant .  

" Johnny , un fantôme , est-ce que c'est amusant ? , demande avec une apparence de légèreté Miss Marjorie Wood , l'amie éconduite , qui souffre en silence d'un amour non partagé .

              C'était aussi l'implorante prière d'Esther , incarnant son peuple juif de même que ma mère celui d'Armorique : " Il faut que je le retrouve , cet enfant , mon enfant . Je ne peux pas vivre sans lui , c'est mon unique petit bonheur , et on me le vole . Pourquoi voulez-vous me le prendre ? , supplie-t-elle , désespérée . ( 54 )   

              Evidemment , pensais-je , tout ceci n'est qu'une affreuse mystification , juste un scénario de film à succès pour le fameux

" Maître  " du Crime , et , pour moi , l'héritage d'un triste problème .

" Il me reste à faire une dernière chose , et je serai délivré du passé ...

Alors , le dénouement , soulignant le caractère inéluctable de toute Destinée

humaine , symbole du Jugement de Dieu qui nous échappe et nous questionne à la fois , montre , à l'image de cette religieuse surgissant " par hasard  " dans le clocher du Monastère , la mort de Lucie / Judy , tombant , comme auparavant la " vraie  "

Madeleine , dans le vide ! ( 57 )

             Et cette image démultipliée reflète aussi les hallucinations vertigineuses d' " Une Vie de Héros  " flamboyant tel un objet maléfique . ( 58 )

" Faux-Semblants  " ( Dead Ringers ) , l'oeuvre de David Cronenberg ( 59 ) , illustre avec la même maestria cette pente empruntée par une passion douloureusement instinctive , lorsque celle-ci , comme un révélateur , s'insinue peu à peu , brisant l'équilibre fragile d'un couple fraternel qui croit pourtant tenir dans ses mains le fil d'Ariane et le Nombre d'Or . ( 60 )

                                 

                                     

    9 - Longtemps , tel un personnage de Paul Auster , " les yeux tournés vers les lames des persiennes closes  " ,  j'ai voulu sortir de ma chambre ( 61 ) . 

Le soir , à la nuit tombante , lorsque je voyais se dessiner les ombres de la nuit dans le frémissement crépusculaire des arbres , j'écoutais , frissonnant de délice ou de fièvre , les accents impérieux de la " Symphonie Héroique  " . ( 62 )

         Sur la pochette du disque , figurait une statue à contre-jour de Napoléon , mains derrière le dos , fixant le sombre horizon d'un regard d'aigle , son fameux bicorne posé sur le chef . Comme lui , peut-être , j'avais dû rêver pendant des heures , méditant sur le tragique de l'existence et sur le parcours banal qui , au contraire de celui du corse , me serait réservé .

         Pourtant , j'avais croisé bien d'autres lumières , qui étaient celles des Anges ...

Leur délicate joliesse m'attirait , mais aussi leur caractère énigmatique , étranger .

L'image du ver de Terre amoureux d'une étoile convenait à cette recherche d'un autre idéal , plus inaccessible et secret .

          " Malheur à la Ville dont le Prince est un enfant " , dit l'Ecclésiaste . ( 63 )

Comment dépeindre , cependant , la beauté mystérieuse et pure d'une affection

véritable ?

" Autant de perdu pour le souvenir . Autant de perdu pour la souffrance  " . Telles sont les paroles amères de l' abbé De Pradts lorsqu'on veut lui enlever sa raison d'être , la présence d'un jeune élève .

" La Terre a été remuée , bouleversée ; elle en sera féconde  " , lance-t-il à son

Supérieur , croyant échapper à la règle , ne s'imaginant pas ainsi paraphraser à sa façon le discours de l'empereur !

( 64 )

          Mais moi , qui donc aurais-je pu conquérir ou aimer ? 

                                

                                     

  10 - Mon coeur était rempli d'angoisse ... Il m'arrivait de passer des heures devant la

mer , à contempler la danse des vagues scintillantes , comme autant d'âmes devant s'échouer sur la rive d'un nouveau monde inconnu .

         Elle vint vers moi , éclat de soleil , lumière au bout de l'océan lointain de mon pays de cocagne , pour dissiper les ombres de ma nuit .

Je vivais reclus dans les ténèbres d'une maison sans joie .

J'étais seul au milieu d'un rêve en lambeaux d'amour inassouvi .

Mais ne retrouve-t-on pas " dans chaque instant d'une vie naissante , la splendeur de l'inaccessible et le bruissement de ce qui sera pour toujours incompréhensible ? " ( 54 )

         Ma soeur l'avait ramenée de son école d'Assistantes Sociales de Montrouge , ville de la banlieue parisienne où elle avait fini par émigrer pour suivre son mari .

Je me rappelle encore la couleur de son " kabig " rouge de marin breton , la blondeur de ses cheveux coupés courts , cette luminosité chaleureuse qui entra d'un coup , comme un grand vent du large , dans notre modeste logis .

Sa rondeur joviale , sa bonhomie , la simplicité de sa mise me plurent tout de suite . Elle incarnait une beauté différente , femme nordique , étrangère à la sophistication particulière de ce coin d'exil où je survivais difficilement .

D'ailleurs , c'est à l'occasion d'une visite au Danemark , bien plus tard , que je découvris sur une toile  un personnage lui ressemblant quelque peu , la " Tine  " de Ancher , jeune femme pensive au bord de la Mer du Nord , dans la région de Skagen . ( 65 )

Mais il conviendrait d' en abstraire l'ambiance mélancolique et lourde , pour y mettre , à la place , pétillant dans ses yeux , du dynamisme , de la vivacité , une présence , une écoute irremplaçables .

Quant au tableau de Louis-Alexandre Dubourg , peintre de Honfleur , intitulé " Jeune Fille Assise  " , il n'exprime pas l'exubérance de celle de Rosporden , même si l'aspect général extérieur , sans doute , évoque une similitude . ( 66 )

         Un beau cadeau de Noël  , selon moi , que d'accueillir  une si enthousiaste

visiteuse , montrant tant de gentillesse à notre égard !

         Ce soir-là , mon beau-frère n'ayant malheureusement pu se libérer pour les fêtes , ma famille reçut deux pauvres étudiantes qui débarquaient , bras-dessus , bras-dessous , de l'autoroute des vacances !

 " Belle romance

   d'aujourd'hui ... " , chanterait bientôt le " Big Bazar  " de Michel Fugain . ( 67 )

Mais je n'osais penser que nos " parisiennes " , poussant leurs conquêtes bien au-delà des mirages du Sud , eussent pu souhaiter courir  l'aventure en solitaire , prendre , à leur tour , la route vers le  large , tel Isabelle Eberhardt , Annemarie Schwarzenbach , qui cherchèrent jadis dans le voyage une réponse au mal-vivre , à l'insatisfaction de leur jeunesse . ( 68 )

Quant à la mienne , trouverait-elle un jour le seul chemin qui put la guérir à jamais de

l'exil ?

Celui qui mène , au bout d'un interminable périple , semé d'embûches , d' hypocrisie , de trahisons , vers la Terre bénie des Ancêtres , Royaume De l'Eternel où l'âme en paix se repose .

         Elle ne resta qu'un soir parmi nous , trompant mon attente , à vanter les charmes de Nice et me dire la chance que j'avais de vivre ici , sur la Côte .

La lueur d'une étoile , souvent , ne nous parvient que lorsqu'elle a , de notre coeur , si tôt disparu .

Pour la première fois , grâce à elle , cependant , j'entendis parler d'un jeune artiste qui " révolutionnait  " la Bretagne en dépoussiérant la musique de son passé ... ( 69 )

         Je la revis quelques temps plus tard , quand elle eut décidé de s'installer dans l'arrière-pays .

Sa maison , notre " maison bleue  " ( 70 ) , devenait une sorte de refuge ou de phalanstère pour les travailleurs de l'âme et les chiens perdus sans niche et sans collier qui erraient alentour .

C'était l'époque des " Hippies  " . Nous écoutions le " White Album  " des Beatles , ainsi que l'envoûtant chef-d'oeuvre

" Ummagumma  " , d'un nouveau groupe " underground  " ,  Pink Floyd . ( 71 )

         Je la rencontrais de temps à autre , dans la montagne , essayant de lui confier mon espoir , ma solitude .

Mais , sans doute étais-je trop jeune , et , d'ailleurs , n'avait-elle pas une autre route à suivre ?

Nous nous retrouverions tous un jour , n'est-ce pas ?

Dites-moi que oui , que c'est la vérité !

                                       

   

( A Suivre ) 

 

                                 

                                ___

  

DAN AR WERN - MEMENTO ( Souvenirs d'un Voyageur sur la Terre ) - IV - Nice ( 8 - La Fille De Rosporden ) - Tous droits réservés - " MEMENTO " , copyright 2023 .                          

                                                 ___

Notes :

47 - " Plus Grandir  " , chanson de Mylène Farmer , musique de Laurent Boutonnat - Polydor , 1985 - Tous droits réservés .

48 -  " Sonnet  " de Félix Arvers

( 1806 - 1850 ) , in " Mes Heures Perdues  "

( 1833 ) .

49 - " Lucile ou la Nostalgie du Génie " , par Marité Diniz , Presses de la Renaissance , 1984 .

50 - " L' Extase Matérielle " de Jean-Marie-Gustave Le Clézio , né à Nice le 13 avril 1940 - Gallimard , 1967 .

51 - " Belphégor ou le Fantôme Du Louvre " , feuilleton TV de Claude Barma ( 1965 ) , d'après le roman d' Arthur Bernède ( 1927 ) , avec Juliette Gréco , François Chaumette , René Dary , Sylvie , Yves Rénier , Christine Delaroche .

52 - " Journal Intime " de Jean-Paul ( pseudonyme de Johann Paul Friedrich Richter ) , écrivain romantique allemand ( 1763 , Wunsiedel - 1825 , Bayreuth ) .

53 - " The Picture Of Dorian Gray " ( Le Portrait de Dorian Gray ) , paru en 1890 ,  d' Oscar Wilde ( Oscar Fingal O' Flahertie , dit ) , écrivain irlandais ( 1854 , Dublin - 1900 , Paris ) .

54 - " Les Prodiges de la Vie " ( 1903 ) , nouvelle de Stefan Zweig ( 1881 , Vienne -

1942 , Pétropolis / Brésil ) , in " Die Liebe der Erika Ewald " ( L' Amour d 'Erika

Ewald ) , Egon Fleischel , Berlin , 1904 .

55 - " Il est des Êtres Beaux " , chanson de Gilles Servat , in " Je ne Hurlerai pas avec les Loups " , Kalondour , 1983 . Tous droits reservés .

56 - " Orphée " ( 1950 ) , film de Jean Cocteau ( 1889 , Maisons-Laffitte - 1963 , Milly-La-Forêt ) , d'après la légende grecque , avec Maria Casarès , Jean Marais , François Périer .

57 - " Vertigo " ( Sueurs Froides ) - 1958 - film d'Alfred Hitchcock ( 1899 , Londres - 1980 , Los Angeles ) , d'après le roman de Boileau / Narcejac , " D 'Entre Les Morts "

( 1954 ) , avec James Stewart , Kim Novak , Barbara Bel

Geddes . All rights reserved . Mystification qui ressemble à celle de  " La Rencontre  "

( Auberive , 2 - copyright 2017 Dan Ar Wern / Edilivre ) - Tous droits réservés .  

58 - " Ein Heldenleben " ( Une Vie de Héros ) , poème symphonique ( 1899 ) de Richard Strauss , compositeur allemand ( Munich , 1864 - Garmisch-Partenkirchen , 1949 ) .

59 - " Dead Ringers " ( Faux-Semblants ) , film de David Cronenberg ( 1988 ) , avec Jeremy Irons , Geneviève Bujold .

60 - Symboles de la Mythologie grecque .

61 - " La Chambre Dérobée " ( 1988 ) , de Paul Auster , né à Newark ( New-Jersey ) , en 1947 . Troisième volume de la Trilogie New-Yorkaise .

62 - " Symphonie n° 3 " , dite " Héroique "

( 1802 , publication 1806 ) , de Ludwig Van Beethoven ( Bonn , 1770 - Vienne , 1827 ) .

63 - Verset de L' Ecclésiaste ( Qohélet ) , 10 , 16 .

64 - " La Ville Dont Le Prince Est Un Enfant " ( 1951 ) , pièce de Henry de Montherlant

( Paris , 1895 - 1972 ) .

65 - Michael Peter Ancher ( 1849 - 1927 ) , peintre danois de l'Ecole de Skagen .

66 - Louis-Alexandre Dubourg , peintre de Honfleur ( 1825 - 1891 )  .

67 - " Une Belle Histoire " , chanson de Michel Fugain , in " Fugain et le Big Bazar " , Columbia , 1972 . Tous droits réservés .

68 - Isabelle Eberhardt ( Genève , 1877 - Aïn-Sefra , Algérie , 1904 ) , écrivaine

suisse , aventurière du Désert .

    - Annemarie Schwarzenbach ( Zürich , 1908 - Sils , Engadine , 1942 ) , écrivaine suisse , aventurière , journaliste .

69 - Alan Stivell , " Pape " de la nouvelle musique bretonne .

70 - " San Francisco " , chanson de Maxime Le Forestier , in " Mon Frère " , Polydor , 1972 . Tous droits reservés .

71 - Célèbres groupes de musique " pop " anglaise .

" White Album " , copyright 1968 EMI Records LTD - The Beatles - All rights reserved .

" Ummagumma " , copyright 1969 EMI Records LTD - Pink Floyd - All rights reserved .

 

                                    
 

 

                                         

" Ach Jesu , meine Ruh ,

  Mein Licht , wo bleibest Du ? "

Bach - Cantata BWV 21 .

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17 avril 2023 1 17 /04 /avril /2023 17:05

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Eglise Russe de Nice , Saint-Nicolas et Sainte-Alexandra  ( 1859 ) - Note 34 .

 

MEMENTO

( Souvenirs d 'un Voyageur sur la Terre )

 

 

" Qu'importe le sillon que tu sèmes
  Sur les collines de la vie ... "

Glenmor - " Memento " *

 

 

 

 

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IV - Nice

       ( 7Un Immeuble Au Nom d 'Etoile )

 

 

 

 

Pour J.M.G Le Clézio


 

" On a vu un homme marcher ,
  Il tenait , dans sa main ,

  Une clé ... "
 

Nolwenn Korbell - " Ur Wech e Vo "

( Il y Aura une Fois ) *

 

 

 

 

 

       7 - J'habitais un immeuble au nom d'étoile ... Signe prémonitoire ? Nous avions dû laisser les parcs et jardins somptueux de l'antique " Cemenellum  " ( 27 ) pour émigrer vers l'ouest , du côté de l'Avenue de la Lanterne , artère célèbre chantée par Louis Nucéra28 ) , qui se plaisait lui-aussi à découvrir sur un vélo les collines de Nice , peut-être à la recherche , tel ces " envoyés de la Beauté sur la Terre  ", des couleurs subtiles de son inspiration d'écrivain .

            Plus tard , je m'en suis voulu  , comme " Le Grand Meaulnes  " ( 29 ) , d'avoir préféré parfois mes courses solitaires plutôt que le clair-obscur des salles de cours de la fac .Pourtant , c'était la jeune et séduisante Madame Labarrère ( 30 ) qui , de sa voix douce , un peu " hautaine  " ( 31 ) , et dans la lumière tamisée d'après-midi tardives , parlait à demi-mot d'une mystèrieuse enchanteresse , créature évanescente qu'elle

incarnait , sans le savoir , et qui me faisait rêver .

 

 

Affiche-20film-202-Le-grand-Meaulnes.jpg 

       

           Néanmoins , lors de ces promenades ,  je n'avais guère conscience , en réalité , d'un quelconque attachement . La trame indéchiffrable du Destin m'avait conduit là , c'était tout .Je n'implorais pas , comme Nietzsche :

" Il me faut la lumière , l'air de Nice , il me faut la Baie des Anges ! " . 

Tout ça , je l'avais sans m'en rendre compte , m'en imprégnant sur place d'une manière instinctive , renouant ainsi avec l'enfance de mon père qui , tout petit , dans une ville sans voitures , s'était échappé discrètement de la maison familiale de Saint-Roch , et , par l'avenue des Diables-Bleus ( 28 ) , grimpait maintenant les pentes du Mont-Boron pour ensuite les dévaler sur une carriole avec ses copains " nissart  " .

           Sur ma bicyclette , je prenais avec peine la petite route montante menant à un passé révolu , ce " chemin qui s'enfonce  "

31 ) , dans l'arrière-pays , par les villages pittoresques de Saint-Roman-de-Bellet , d'Aspremont , vers la " citadelle  " de Levens , avec son esplanade grandiose , où souffle , les jours d'hiver , ce vent froid venu des montagnes toutes proches .

           Mon grand-père Marcel y avait été gendarme dans les années trente . Je ne l'ai su que par la suite . Mais je me demande encore quelle force inconsciente m'avait poussé souvent dans ce lieu inaccessible , sur les traces d'un parent bien trop tôt disparu .

           Il nous avait laissé juste avant ma naissance , et pour moi , son souvenir ne vivait plus qu'au hasard de vieilles photos de l'immédiat après-guerre . Parfois , pour les regarder , je me réfugiais dans une sorte d'alcôve , attenante à la chambre

parentale . Elles étaient cachées dans un carton , sous les draps amidonnés d'une penderie sans âge . En tâtonnant , je devinais auprès d'elles , dans son étui de cuir marron , la présence mystérieuse d'une arme sans

munitions , la sienne : c'était un vieux revolver , dont il m'arrivait de faire jouer le mécanisme .

Je humais toutes ces odeurs troublantes , les associant aux images d'une vie que je n'avais pas vécue , songeant avec nostalgie aux fastes et malheurs du passé , aux aventures de Raskolnikov ( 32 ) , que j'étais entrain de lire , mais aussi , je ne sais plus trop bien pourquoi , à la roulette russe .

           Sa veuve , ma grand-mère Alice , de son accent chantant du Centre , m'avait évoqué sa rencontre avec ce beau militaire des bords de Loire , me plongeant dans un autre univers , celui de leur insouciante jeunesse , morvandelle et nivernaise .

            " Tout ce que j'écrirai ne dira jamais ce que je sens  " . ( 33 )

C'est l'aveu d'impuissance de Marie Bashkirtseff , qu'elle exprime dans son journal

intime , publié peu après sa précoce disparition . Ce pourrait être aujourd'hui le mien .

" J'aime Nice , Nice , c'est ma patrie ! " , y note-t-elle encore en 1874 , tandis qu'elle séjournait en ce lieu un siècle auparavant . Je revois sa petite fontaine , gravée de caractères étranges , dans la rue qui porte son

nom . Cette jeune fille à peine connue me fascinait par la brièveté de son existence autant que par cette image imprécise d'étrangère ou de " Madone  " lointaine que je me faisais d'elle . Et , plein d'ignorance , mon esprit naïf n'hésitait pas à rapprocher " l' éphémère Moussia  " du Tsarévitch , dont je visitais parfois l'énigmatique sépulture , complètement nue et dépouillée , derrière l'église Saint-Nicolas . ( 34 )

           Mais que savais-je réellement d'elle , que savais-je de lui ? Pas grand chose , sinon que sa vie devait ressembler à la mienne , aussi désespérante , et que la présence russe avait été , ici , magnifiquement affirmée par la construction d'édifices

grandioses . D'ailleurs , n'avais-je pas moi-même ce privilège incroyable d' étudier dans l'ancien palais des tsars ? Je déplorais seulement qu'on ait dû , pour des raisons de sécurité , modifier considérablement la façade originale d'un ouvrage aussi 

exceptionnel . Tous ses balcons à cariatides sculptées , ses ornements , toutes ses moulures de style rococo avaient été détruits . De l'imposant " Hôtel Impérial " d' Adam

Dettloff  , que restait-il , maintenant, sinon quelque vestige d'un vaisseau fantôme , ou bien l'épave sinistre d'une espérance abandonnée ... ( 35 )

           Alors , qu'est-ce qu'un amour , qu'est-ce qu'un peuple , lorsqu'il est abandonné ?

En cette période troublée de l'adolescence , j'aurais eu besoin des lumières de Renan pour faire face à ces interrogations douloureuses que l' Homme affronte sans pouvoir jamais les résoudre .

" Une Nation est une âme , un principe spirituel " , affirme-t-il à l'occasion d'une brillante conférence à la Sorbonne . ( 36 )

             Si maintenant j'arrive à davantage apprécier les subtilités mélodiques développées par le génie d'un compositeur , ou la richesse infinie des nuances travaillées par le peintre sur sa palette , je ne me posais même pas la question de savoir alors si , tel Nietzsche ou Marie Bashkirtseff , et , sans doute , bien d'autres anonymes , je pouvais aimer Nice . D'ailleurs , pourquoi me trouvais-je là , en cet endroit si lointain , si différent des lieux de ma naissance ?

Pourquoi pas , plutôt , s'en aller à l'aventure vers le Cap Nord , puisqu'un jour , comme on bâtit des châteaux en Espagne , un copain savoyard s'était mis à nous faire miroiter , sans jamais l'assouvir , cette fabuleuse quête boréale ?

J'en voulais à la Terre entière de vivre en

exil , si loin de ma vraie patrie !

Mais " les origines frappent le subconscient comme on le dit d 'une médaille " . ( 28 )

La Bretagne vibrait en mon coeur , certes , je la portais fièrement de tout mon être . Pourquoi ? 

Pourquoi devais-je me convaincre d'une accidentelle destinée ? Quant à l'errante recherche d'un enracinement trompeur , n'était-ce pas aussi dans l'air du temps ?

            Chaque livre , glané " au hasard  " , me ramenait aux souvenirs d'une prime enfance dont je me sentais cruellement dépossédée . Des images revenaient sans cesse à ma mémoire , obsédantes . Ce vieux chalutier piqué de rouille , traversant avec lenteur les eaux grisâtres du Golfe du Morbihan , naviguerait toujours dans l'oeil émerveillé d'un garçonnet de trois ans qui cherchait sur l'onde un reflet complice , une réponse , peut-être la lueur chaude et maternelle émergeant d'un Royaume englouti ...

            L'océan ! Mor-Breizh !

Son odeur indéfinissable , sa chair saline et ses mystères perpétuels , lancinantes mélopées du chant breton , qui s'égrènent en vagues innombrables déferlant sur des chapelets d'îles et de récifs ...

            La splendeur du Cosmos était ,

dit-on , pour lui , un ravissement !

Je me délectais de ses " Souvenirs d'Enfance et de Jeunesse  " ( 36 ) , tâchant d'inventer mon prochain voyage au " Pays des Nuages Tristes  " , bien au-delà de la Voie Lactée , celui des Déesses barbares qui , de leurs yeux verts comme l'émeraude , percent le brouillard d'une mythique légende des

siècles .

" Je suis né ... au bord d'une mer sombre , hérissée de rochers , toujours battue par les orages . " ( 36 )
            
La mienne se trouvait plus au Nord , pâle comme la face de la Lune , et même si je ne parvenais à saisir sa parfaite Beauté , j'imaginais la chevelure argentée d'une ondine effleurant de sa main légère quelque harpe céleste dont le chant cristallin vient mourir sur les îles d'Avalon , pour , sans cesse , renaître . ( 37 )

" Mes Divines , la Foi est aventure , proclame Xavier Grall , vent claquant , souffle , envolée de colombes , voile gonflée .

" Partez , partez au nom de Dieu . " ( 38 )

Depuis , j'ai eu l'occasion , pendant les vacances , de retrouver parfois le pays de Gwenc'hlan et celui d'Arthur , très déçu , pourtant , qu'on n'y entende plus guère les envoûtements de Morwenn et la langue des ancêtres , ce beau chant d'amour entre Diarmaid et Grainné . ( 39 )

" Me droc'ho ma zeod em bek ,

  Ken diziski ar Brezonek ! "

" Je couperai ma langue dans ma bouche , plutôt que d'oublier le Breton ! " , lance Brizeux . ( 40 )

Ma patrie invisible , où se cachait-elle ?

 " E pe lec'h " ? Où ça ?

 " E pe lec'h ma red ho koantiz ? " Où court votre beauté ? , chante Glenmor . ( 41 )

            Petite hermine , vive et rusée , sors de ton gîte , sous les chênes , montre-nous le chemin de la renaissance ! ( 42 )

Conduis-nous vers les hautes terres !

            " Que peuvent savoir de la Bretagne ceux qui ne connaissent que le monde ? "

( 43 ) , pensais-je aussi , regardant vers le large .

Je me suis tenu sur le seuil . Et j'ai prié l' Archange de me montrer l'ombre et la lumière .

Je t'ai vue , au loin , dans l'infini des brumes océanes .

Qui pourra mieux parler à mon coeur du poids de nos lourds secrets ?

Tombelaine ! ( 44 )

Soudain , je retrouve , tel Novalis , " d'anciennes mélodies  " que le vent capricieux murmure au spectacle futile des apparences . ( 45 )

" Pourquoi mon île , si fragile ,

  es-tu perdue ?... ( 46 )

 

( A Suivre )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                         ___

 

 

DAN AR WERN - MEMENTO ( Souvenirs d'un Voyageur sur la Terre ) - IV - Nice ( 7 - Un Immeuble au Nom D 'Etoile ) - Tous droits réservés . " MEMENTO " , copyright 2023 .

                          ___

                                    
Notes :

27 - " Cemenellum " , nom de l'ancienne ville romaine de Cimiez .

28 - Louis Nucéra ( 1928 2000 ) , écrivain niçois .

- " Chemin de la Lanterne " , roman , LGF , 1982 et Grasset/Fasquelle 1997 .

" Les origines frappent le subconscient comme on le dit d'une médaille  " .

- " Avenue des Diables-Bleus  " , Grasset , 1979 .

29 - " Le Grand Meaulnes  " , d'Alain-Fournier ( 1886 - 1914 ) , roman , Emile-Paul , 1913 . Fayard , 1986 .

Version bretonne : " Meaulnes Veur  " , bet lakaet e brezhoneg ( traduit par ) Yann-Ber Thomin , Ar Skol Vrezoneg / Emgleo Breiz , 2000 .

30 - Christiane Labarrère , professeur de littérature à la Faculté des Lettres de Nice en 1971 , écrivain .

31 - " Miracles  " , par Alain-Fournier , poèmes et proses , 1924 . Préface de Jacques Rivière . Arthème-Fayard , 1986 .

32 - Personnage principal de " Crime et Châtiment  " par Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski ( 1821 - 1881 ) . Publié en 1866 .

33 - " Journal " de Marie Bashkirtseff ( 1858 - 1884 ) , peintre , écrivain russe  ( Ecrit de 1873 à 1884 ) .  Publié par le " Cercle des Amis de Marie Bashkirtseff " .

34 - Eglise Russe de Nice , Saint-Nicolas et Sainte-Alexandra . Construite en 1859 sous l'impulsion de l'impératrice douairière Alexandra Feodorovna , veuve du tsar Nicolas 1er . La plus ancienne église russe en Europe occidentale .

- Tombe du Tsarévitch Nicolas , fils d'Alexandre II , mort d'une méningite à l'âge de vingt ans lors d'un séjour à Nice en 1865 à la villa Bermond , sur le site actuel de

l'église .

35 - Adam Dettloff ( 1852 - 1914 ) , architecte polonais de l' Hôtel Impérial , inauguré le 18 janvier 1902 , transformé en Lycée du Parc Impérial en 1924 .

36 - Ernest Renan ( 1823 - 1892 ) , écrivain breton , philosophe , historien , philologue .

" Qu'est-ce qu'une nation ? " , conférence à la Sorbonne , 1882 .

" Souvenirs d'Enfance et de Jeunesse  " , autobiographie , 1883 , Calmann-Lévy .

37 - " The Poems of Ossian  " , par James MacPherson ( 1736 - 1796 ) , poète écossais . London Edition , 1796 .

Version française : " Ossian , Saga des Hautes-Terres  " , éditions Libres / Hallier , 1980 .

38 - " L' Inconnu me Dévore  " , par Xavier Grall ( 1930 - 1981 ) , journaliste , poète , écrivain breton .

Editions Calligramme , 1984 .

39 - Légendes celtiques .

40 - Auguste Julien Pélage Brizeux ( 1803 - 1858 ) , poète romantique breton .

41 - Glenmor - Milig Ar Skanv -

( 1931 - 1996 ) , chanteur breton . " Viviana " copyright 1973 Glenmor / Le Chant Du Monde - Pep gwir miret strizh - Tous droits réservés . 

42 - L'hermine , symbole de la Bretagne .

43 - " Lieux et Histoires Secrètes de Bretagne  " , par Patrice Boussel . La Porte

Verte , 1980 .

44 - Petite île au large du Mont Saint-Michel .

45 - Novalis - Friedrich Von Hardenberg -

( 1772 - 1801 ) , poète romantique allemand , philosophe .

- " Heinrich Von Ofterdingen " , roman inachevé , 1802 . Version Française : Editions bilingues Aubier / Montaigne , 1942 .

46 - Dan Ar Wern - " Tombelaine " ( 1972 ) , poème , in " Le Chemin Perdu  " , Copyright 2017 Dan Ar Wern / OmniScriptum GMBH and Co - All rights reserved .

                                     

 

 

                        marie-bashkirtseff.jpg

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12 avril 2023 3 12 /04 /avril /2023 12:22
Corrado Mezzana - Cristo in Croce e San Longino ( Rome , Basilique Saint Eustache )

Corrado Mezzana - Cristo in Croce e San Longino ( Rome , Basilique Saint Eustache )

Kelc'h Kentan : Da Darzh an Deiz ...

 

An Erbeder ( VIII )

 

 

 

 

 

Trede Lodenn

 

 

 

 

/ Brezel Ar Groaz /

 

Un Arouez kevrinus ' zo er Maen ,

   Engravet don 'n E wad tanflamm ... "

Novalis - " Heinrich Von Ofterdingen "

- Ar Skarbouklen .

 

 

 

Brezel ar Groaz -

 

 

 

11 - An Aotrou Brekilien 

( 11 )

Lizher Roll / Dornskrid ar Mestr )

Palefarzhet an aour d'an unanvet ha pevarvet , e hoc'h-gouez spontet en sabel ; adpalefarzhet en arc'hant d'an eilvet ha trivet gant daou dour amzerioù aour kranellet gant pevar pezh en gul ha leinet gant peder vrizhenn en erminoù . "

Ardamezioù Brekilien

 

Ar c'hwileien-raden n'o deus ket a roue hag ez eont er-maez holl dre vandennoù . "

Krennlavarioù , 30 , 27 - ( Ger ar Roue Salomon ) .

 

 

 

 

Istor Riou Lohieg

 

 

 

 

 

 

 

II -  An Ergerzhadeg

 

 

 

 

 

 

17 - Al Lans Santel

 

 

     

 

       " Diwar ar c'hwec'h kant mil den ' oa aet en o hent er penn kentan , ne chome breman 'met pemp-warn-ugent hepken , marc'heien an darn vrasan anezho , rak ne zreitbevas ket tud vunut ar werin o doa o heuliet , siwazh !

Azia-Vihanan 'oa o bez !

       An tec'had Yagi-Sian ' oa bet lazhet gant ur c'hleze , hag e benn zegaset d 'ar vistri nevez !

      Evel ma ne c'helled ket da gemer ar c'hrenvlec'h betek-henn , e teuas war e skoazell ur prins Mosoul anvet Kerbora , a lakaas seziz warnan d 'e dro . ( 29 )

      Etre an dir hag an tan edomp o c'hortoz ! Ha ken dic'hoanag 'oa deut an traoù evidomp ma tegouezhas un deiz d 'hon sikour lu bizantat Aleksi Komnen , met e tleas an hini-man mont bremaïk war gil ivez a-benn ar fin !

      Neuze eo e c'hoarvezhas ur burzhud

nevez

     Kemennet en e hunvre ' oa bet deuet dezhan marteze a-berzh Doue dre e gousk , e tiouganas un den eeun , ma doullfed don ' barzh an douar , ' vefe kavet ivez al Lans Santel he doa toullet kostez hor Salver Jezuz- Krist ! ( 30 )

     Startijenn a zegasas ar c'heloù-man da strolladoù soudarded hon arme , renet mat gant Jafrez , Tankred ha Bohemond !

     Dre ziouer a gezeg e tleas mont war o droad ar Groazidi a kasas da netra al lu turk da c'houde , neoazh , kalz nebeutoc'h kadarnaet ma veze brudet anezhan .

    Hag e rankas ar c'hrenvlec'h en em zaskorin en diwezh .

    Baroned a zivizas chom betek an diskar-amzer , met e kouezhas ur c'hlenved-red warnomp .

   Ademar Monteil a varvas , en a oa bet penn bras speredel hag ene Brezel-se ar Groaz , gwarant ivez un emglev-mat etre e bennoù .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Da Vezan Kendalc'het )

 

 

 

 

 

 

                                      ____

 

 

DAN AR WERN An Erbeder ( Kentan Kelc'h ) - VIII - Brezel ar Groaz - Trede Lodenn - 11 - An Aotrou Brekilien 17 - Al Lans Santel ) - Pep gwir miret strizh - All rights reserved - Tous droits réservés . "An Erbeder " ( Le Passeur des Mondes ) , copyright 2005 SGDL / Dan Ar Wern hag Arbredor.com 2007 ha 2008 ( Numerical Version ) - Breton Version / E Brezhoneg .

 

                          ____

 

Notennoù :

 

29 - Kerbora , atabeg Mosoul ( 1096 - 1102 ) . 

30 - D'an dek a viz Mezheven 1098 , ur manac'h-rous divrud anvet Per Bartelemi a lavaras en doa gweledigezhioù Sant Andrev o tiskulian dezhan e oa kuzhet al Lans Santel er gêr . 

 

Per Bartelemi hag al Lans Santel Antioc'heia dindan lezenn an Aotroù Doue , gant Gustav Doré ( 1832 - 1883 ) , engravour , livour , kizellour elzasat .

Per Bartelemi hag al Lans Santel Antioc'heia dindan lezenn an Aotroù Doue , gant Gustav Doré ( 1832 - 1883 ) , engravour , livour , kizellour elzasat .

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10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 17:10
Nice
Nice

Nice

MEMENTO

( Souvenirs d 'un Voyageur sur la Terre )

 

 

" Qu'importe le sillon que tu sèmes
  Sur les collines de la vie ... "

Glenmor - " Memento " *

 

 

 

 

 

 

 

 

IV - Nice

 

 

 

 

 

Pour J.M.G Le Clézio


 

" On a vu un homme marcher ,
  Il tenait , dans sa main ,

  Une clé ... "
 

Nolwenn Korbell - " Ur Wech e Vo "

( Il y Aura une Fois ) *

 

 

 

 

 

       5 - Xavier Grall parlait de sa Bretagne natale comme d' un " Royaume schizophrénique  " ( 22 ) :

Il a dû sans cesse la réinventer depuis les tours de Sarcelles , dessinant son âme tourmentée au milieu de toutes celles venues

là , des quatre coins du globe , y apporter leurs couleurs propres , pour la découvrir dans les contours imprécis d'un rêve ou d'une langue de l'exil .

           J'étais " quelqu'un comme çà  " ( 23 ) , étouffant comme Le Clézio dans la petite chambre anonyme d'une ville étrangère , y trouvant refuge aussi , malgré tout , dans la lecture toujours recommencée du livre de ma souffrance intérieure , mais fenêtres grand ouvertes sur le large et sur une nature quasi-luxuriante aux manifestations brutales , presqu'imprévisibles !

Qui donc avait naguère évoqué ici la douceur de vivre ? ( 24 )

           C'est plutôt le souvenir de violents orages que j'avais gardé , d'une mer écumante sous les imprécations du Mistral sauvage venu de l'ouest , avec ses senteurs capiteuses de tamaris et de cyprès , balayant avec force la poussière des rues comme les illusions clinquantes des nouveaux riches .

L'odeur âcre de la pluie , ensuite , qui tombe en déluge , ravinant la terre , et creusant ses rigoles toutes rouges jaillissant sur le bitume fondu . Et puis la lumière crue ,

éblouissante , chauffant à nouveau le

paysage , qui vous écrase de toute la puissance d'un soleil impérial !

           Que d'après-midi solitaires , pendant les interminables vacances d'été , caché derrière la bienveillante pénombre tamisée des persiennes , tandis qu'une chaleur de plomb semble défier toute vie à la surface !

 

                                  Jardin-de-Cimiez.jpgCimiez.jpgMonastere-de-Cimiez.jpg

                                  

          Mais Nice fut d'abord mon jardin d'enfance . Nous jouions à l'ombre du monastère , au milieu des ruines de Cimiez , l'antique cité romaine . La petite école , bâtie sur une sorte de promontoire , domine la plaine majestueuse du Paillon . ( 25 )

 

                                                             Jardin-de-cimiez-2.jpg

         

           Des ribambelles s'amusaient là , parmi les fleurs multicolores , se trempaient dans l'eau des fontaines , couraient sous les orangers .

Quel plaisir de retrouver un peu plus haut , ce coin secret , " le petit bois " , discret ermitage dans lequel se cachait à l'ombre mon chêne de prédilection !

Grand-mère Alice m' y accompagnait

parfois , cherchant , sans doute , un abri de la Providence contre le feu de l'enfer .

Quant à moi ,  je guettais avec impatience  l'entrée de ce fantastique " Pays des Merveilles  " , royaume enchanté de mes plus beaux rêves enfantins !

Mais j'en franchissais le seuil un peu craintif , aussi .

En ce lieu d'innocentes joies , mini-théatre de nos " belles aventures  " de jeunesse , je ne tardais guère à éprouver , sous l'ombrage , quelque chose d'indéfinissable ...

           Seul ou avec d'autres , j'aimais grimper sur cet arbre minuscule formé d'une unique branche assez basse épousant l'ondulation du terrain . J'y respirais des parfums troublants .

Juché là , je m'imprégnais de tout mon coeur du bruissement du silence . J'écoutais l'imperceptible crissement de pas lointains et mystérieux sur le sol du bosquet recouvert d'aiguilles de pin , tandis qu'à l'horizon , l'immense rumeur de la mer, obsédant

fantôme , se mêlait au grouillement diffus de la masse urbaine , enfumée de ses gaz polluants ...

      

       6 - Il venait parfois jeter des galets le soir , sur la mer , après avoir couru gagner son pain ... Quelqu'un comme ça , un Breton se sentant seul , à Nice , qui suivait les bateaux sur l'eau , la trace de leur écume , après sa journée de travail ... Un jour , sans douteil s'en été allé en songe avec

eux , plus loin que le poids de sa propre mélancolie , vers la maison de celle à qui il avait écrit beaucoup de ses petits mots restés sans réponse , pensant qu'elle aussi avait sa vie à elle , ​​​​​​tout là-basdans son pays de rêve , si différente de la sienne , qui était celle d'un quelconque exilé parmi tant d 'autres ,

dessus , dessous , dormant en HLM dans le bruit diffus de la grande ville où , soudain ,  comme une madeleine , il s'était mis , à pleurer ... ( 26 )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

( A Suivre )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                         ___

 

 

DAN AR WERN - MEMENTO ( Souvenirs d'un Voyageur sur la Terre ) - IV - Nice ( 5 , 6 ) -Tous droits réservés . " MEMENTO " , copyright 2023 .

                         ___

Notes :

22 - " Le Cheval Couché " , 1977 , réponse au " Cheval D'Orgueil " de Pierre-Jakez Hélias , par Xavier Grall ( 1930 - 1981 ) , poète , écrivain , journaliste breton .

23 - " La Rose et le Dragon " , II , " Quelqu'un Comme Ca  " ( Unan Bennak Evel-Se ) , 6 - Nice - Recueil de poésies , par Dan Ar Wern - Copyright 2021 Dan Ar Wern / OmniScriptum Publishing S.R.L Publishing Group - Editions " Muse " - Alle Rechte Vorbehalten - Tous droits réservés / Pep gwir miret strizh . Voir ci-dessous , chapitre 6 , note 26 .

24 - " La Douceur De La Vie " , 1939 - Douster Ar Vuhez - A Gentle Way Of Life  , Tome XVIII des " Hommes de Bonne Volonté " , suite romanesque publiée enre 1932 et 1946 par Jules Romains ( 1895 - 1972 ) écrivain , philosophe et dramaturge français .

25 - Fleuve traversant Nice irrégulièrement comme un torrent de montagne ( Stêr-veur a red direizh evel ur froud eus ar menez a-dreuz Nisa ) .

26 - Petit poème en prose d'après Nice " , poème du recueil " Quelqu'un Comme Ca " - Voir note 23 ci-dessus . 

 

* " Ur Wech e Vo " , gant Nolwenn Korbell , in " N'Eo Ket Echu " , Coop Breizh 2003 - Pep gwir miret strizh / All rights reserved .

 

 

 

 

 

 

 

                            

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1 avril 2023 6 01 /04 /avril /2023 13:06
The Meteor (1860 ) by Frederick Edwin Church ( 1826 - 1900 )

The Meteor (1860 ) by Frederick Edwin Church ( 1826 - 1900 )

Kelc'h Kentan : Da Darzh an Deiz ...

 

An Erbeder ( VIII )

 

 

 

 

 

Trede Lodenn

 

 

 

 

/ Brezel Ar Groaz /

 

Un Arouez kevrinus ' zo er Maen ,

   Engravet don 'n E wad tanflamm ... "

Novalis - " Heinrich Von Ofterdingen "

- Ar Skarbouklen .

 

 

 

Brezel ar Groaz -

 

 

 

11 - An Aotrou Brekilien 

( 11 )

Lizher Roll / Dornskrid ar Mestr )

Palefarzhet an aour d'an unanvet ha pevarvet , e hoc'h-gouez spontet en sabel ; adpalefarzhet en arc'hant d'an eilvet ha trivet gant daou dour amzerioù aour kranellet gant pevar pezh en gul ha leinet gant peder vrizhenn en erminoù . "

Ardamezioù Brekilien

 

Ar c'hwileien-raden n'o deus ket a roue hag ez eont er-maez holl dre vandennoù . "

Krennlavarioù , 30 , 27 - ( Ger ar Roue Salomon ) .

 

 

 

 

Istor Riou Lohieg

 

 

 

 

 

 

 

II -  An Ergerzhadeg

 

 

 

 

 

 

 

16 - Div Steredenn Wenn

 

 

     

 

       " Efedusoc'h 'get kadarnded 'oa habaksted ha gwidre , moarvat !

         Bez' oa hanterouriezh kannadourien ar C 'halif Egipt da gentan , heman o chom dic'houest da bardonin d 'an Durked o doa kemeret Palestina dre nerzh dezhan !

         Hag a bep seurt emgannoù 'oa bet etrezomp ha luioù muzulmat bet deuet da rein un taol sikour dezho , hep ankouaat lazhadeg-se ar stêr Orontès ma veze lakaet da vervel enebourien niverus ennan !  ( 27 )

         Ne zeue netra a-benn da lakaat aesoc'h an traoù , nag ar gernez e-barzh ar

c'hrenvlec'h , nag ar voued a ziouere ivez d 'ar Groazidi da heul un dro-widre bennak bet graet dezho , marteze .

         Bremaïk e tiazezas enebezhioù ha dizunvaniezh e spered hon prinsed a ziskouezhas kemer gwarizi an eil ouzh eben !

         Abaoe seizh miz e pade ar seziz endeo pa oa asantet gant an holl d'un arsav-brezel a roas tro da bourvezin ar sezizidi diouzh un tu , met , diouzh un tu all , ne reas met dalean momed an daskor ken gortozet !

         Edo o paouez distardan ar skoulmad , neoazh , un treitour teusk anvet Firouz komandant an tri tour pennan ar moger-dro ha kuzulier Yagi Sian , prins Antiokwar un dro , c'hoant bras dezhan ouzhpenn 'vel ur Judaz nevezda gaout madoù a-leizh . 28 )

         Ha 'pad ma voe gwelet ganeomp un deiz ozhac'h-meur ar C 'hresianed bet stlejet war ar mogerioù 'vel ur c'hi du , e reas e bilpouz o tont da glemm a-gevret ouzhomp eus heskinoù ha poanioù bet diwasket en e gêr gant hon re ! 

         Bohemond Taranto , gant e c'hoant da berc'hennan holl zoaroù an aloubadeg , a reas van ivez , marteze , da gredin e morc'hedoù a groge ennan koulz hag e weledigezh en doa a alie anezhan , diouzh e glevet , da lakaat digor-frank toulloù dorioù ar wikadell O kaout preder da wiriekaat orbidoù ar ganaz , e iriennas a-enep ar C 'huzul , o c'hoari e jeu en ur vrudan faos keleier trechalus diwar-benn un armead a zaou kant mil soudard o tont ouzhomp d 'hon arsailhan du-man !

         'Vel ur ganell ez eas pep tra gant an tun-se : ur barrad aon a gouezhas trumm warnomp ken na vefemp divizet dre " Ragevezh-Doue " da asantin d 'e raktres !

         Ne oa nemet Remont Toloza Sant

-Jili , avat , na oa ket bet touellet gantan !         

         A-benn ar fin e teuas ar poent krenn-se ma vefe ret dimp en em sonjal da vat : e sioulded un noz liv du evel ur forn , luc'hedus a-wechoùgant ur mouch-avel flour o c'hwezhan enni , e krogas tri-ugent emouestlad , ha ni en o zouez , da bignat en ur skeul-gordenn lêr betek tour-meur hor " mignon ", e-harzh ar menez Silpios ... Diwar neuze , ur wech bet gronnet al lec'h strategel-se , ' oa bet sanket ha divarc'het un nor bennak ganimp ... Hag e-giz-se eo ma oa bet gounezet ar c'hrenvlec'h , etre an daou hag an dri a viz Mezheven 1098 !

Met piv bennak na c'hellas ket , siwazh , laret anv an Aotroùoa bet lazhadeget didruez !

         Ha bez' e oa tud , goude-se , a lavare o doa gwelet ur gometenn a danflamme ar C 'hornog hag e oa bet treset en oabl kurunenn ur merzher gant ur steredenn wenn zouget Dirazan gant ar re-se a brof d 'ar Salver , an holl C'hloar Dezhan , o buhez ...

         Div 'oa a lugerne muioc'h c'hoazh en o metoù , war a hanvale din . Ne ouien ket

perak , met e sonjen e Florine , merc'hig ez-yaouank kaer an dug Bourgogn trelatet he c'halon gant ur prins danat .

         Siwazh , ne oa ket tu d 'o c'harantez o c'henel da vleunian er bed-man !

         Mervel a rejont kouezhet e rouedoù un traped-brezel , ha breman evel dec'h e plij din kalz ijinan eo an ebr a-bezh entanet gant bleunioù nenvel dispar o eured ! "

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Da Vezan Kendalc'het )

 

 

 

 

 

 

                                      ____

 

 

DAN AR WERN An Erbeder ( Kentan Kelc'h ) - VIII - Brezel ar Groaz - Trede Lodenn - 11 - An Aotrou Brekilien 16 - Div Steredenn Wenn ) - Pep gwir miret strizh - All rights reserved - Tous droits réservés . "An Erbeder " ( Le Passeur des Mondes ) , copyright 2005 SGDL / Dan Ar Wern hag Arbredor.com 2007 ha 2008 ( Numerical Version ) - Breton Version / E Brezhoneg .

 

                          ____

 

Notennoù :

 

27 - Emgann al lenn Antioc'heia ( 9 a viz C'hwevrer 1098 ) - Degouezhout a reas kentan seziz Antioc'heia etre an unan-warn-ugent a viz Here 1097 hag an daou a viz Mezheven 1098 - An eilvet seziz a c'hoarvezas pa glaskas ar Vuzulmiz d'adkemer ar geoded , o padout etre ar seiz hag an eizh-warn-ugent 1098 . 

- War-dro daou kant mil den e kollas Arme ar Groazidi en abeg d'ar seziz ha d'ar c'hlenvedoù-red . 

28Yagi Sian , emir Antioc'heia ( 1086 - 1098 ) .

Emgann Antioc'heia

Emgann Antioc'heia

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27 mars 2023 1 27 /03 /mars /2023 16:17
Sils-Maria ( Engadine , Suisse )

Sils-Maria ( Engadine , Suisse )

CHEMINS D'ÂMES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II - NOUVELLES

 

 

 

 

             

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

13 - Anna Bernhardt

         ( IV )

         

 

              

 

         

 

 

 

        4 - Mon Amour T 'Appelle ...

         

 

              

 

 

                ... Il se réveilla frissonnant , la tête en feu . A travers les écoutilles , des lueurs rougeâtres baignaient la cabine . Regardant tout autour , il aperçut quelque chose au

pied du lit .
                C'était une enveloppe toute grise comme la mer du Nord , laissant voir deux grandes feuilles de couleur blanche , chacune ornée , dans leur coin supérieur gauche , d'une petite coupe en or gaufrée contenant deux coeurs transpercés d'une flèche . 
                Il parvint à la saisir avec effort , gêné par sa perfusion . Mais son horrible effroi de la veille réapparut , car il vit sur elle des taches de sang . Quelle heure était-il ? Pas de pendule au mur . Et sa montre ?
                Il comprit qu'il s'agissait d'une ancienne lettre , écrite jadis , dans une sorte d'élan mystique à celle qui venait de tirer sa révérence aux jeux insouciants de leur puérile jeunesse par suite d'un banal accident de la route : la petite Anna Bernhardt
 . 
Stupide Roue de Fortune , imprévisible Destinée ? Car il croyait bien , au contraire , qu'elle était morte dans un camp , que tout ceci n'était fait que pour lui rappeler l'autre réalité où il ne lui était pas venu en aide ! 
                D'ailleurs , comment lui prouver maintenant , sinon par des mots dérisoires , la pureté de ce qui n'existait plus que dans les braises rougeoyantes d'un lointain souvenir ? , songea-t-il quand il se mit à relire , la larme à l'oeil , ce triste constat d'un rêve oublié 

d'outre-tombe :
" ... Pardonne-moi si j'étais un peu mélancolique , hier soir , ne m'en veux pas d'avoir fait 
" semblant  "... J'aurais préféré me serrer contre ton coeur pour y sentir ton énivrant parfum , prendre délicatement ta main pour l'apposer sur ce mal douloureux qui ronge mon âme ... Sais-tu combien je souffre ? "
                A cette lecture , il poussa un cri . Le papier lui parut brûler d'une flamme inextinguible , et , sous ses blessures , des convulsions firent trembler sa carcasse ! Un bref instant , le malade ressentit la présence , auprès de lui , de celle qui avait reçu cette curieuse trace d'amour défunte . 
" ... Ma nuit fut affreuse , et j'ai pensé vouloir maintenant trouver refuge dans cette montagne d'Obernai où naquit Sainte Odile ...
Je revois la grande croix blanche où s'inscrit le nom de ces jeunes hommes tués pendant la guerre ... " ( 107 )
Il réfléchissait au sens de son sacrifice , l'associant au leur : 
" ... quand je t'ai aperçue , ce matin , je me suis senti libre . Et pourtant , c
omme

eux , j'aurais voulu mourir ! "                   

                Mais rien n 'est jamais laissé au hasard  ! , réfléchit-t-il encore . Peut-être n 'avait-il pas bien vu cette fille à bicyclette qui lui faisait signe au milieu de la route , et c 'est pour ça qu 'elle avait fait une

embardée sans doute pour ne pas elle-même avoir à tirer le rideau sur le spectacle navrant des illusions passagères d 'une vie ratée avec un époux plus ou moins ridicule , car il ne vous convient pas !  

Triste chimère qu 'on a toujours de se dire qu 'on pourrait changer quelque chose de la partition d'un chef d'orchestre , à l 'instar de ce Gustav Mahler , son musicien préféré , qui s 'enfermait dans sa chambre 'hôtel de

' " Etoile Bleue " , à Prague , pour tenter de corriger l 'instrumentation de saSeptième Symphonie " ! Pouvait-il savoir que c'était la jaune qui allait tous , inéluctablement , les entraîner , comme elle , vers la mort ? ( 108 ) 

                Car " on n 'obtient rien sans renoncer à quelque chose " , la perfection du détail ne modifie pas le résultat d'une aventure dans le clair-obscur , avec tous ses mystères et ses angoisses !  ( 109 )

" Mir ist Weh um Herz ! * " , soupira-t-il , impuissant , pensant à ces futures scènes d'un avenir qui n'en étaient plus un , quoique l'éblouissant encore de leurs flashes

tapageurs !

               N'est-il pas trop tard ?

Porter l 'uniforme dans une guerre classique , passe encore ... Mais mon Dieu , j 'ai du sang sur les mains ! Comment l 'effacer , cette tache originelle , avant qu'elle même ne fasse disparaître l'idée légitime de progrès , de civilisation Les pogroms , la solution finale dans des camps

d 'extermination  ... Quoi d 'autre à attendre , au bout du tunnel , sinon , pour le coupable en fuite , cet autre chant d'ombre et de brouillard cyanuré , composé à la faveur de la nuit tragique d 'une éternelle damnation ?

              Les montagnes se ressemblent , rêvait-il encore , se souvenant , parce qu'elle se prétendait neutre , d'escapades amoureuses dans la Suisse voisine en sa compagnie ...

" Sur tous les sommets , 'est le silence ... " ** , lui murmurait-elle en se blottissant contre lui tendrement .

Et pourtant , la musique mozartienne à Salzbourg n'annonçait-elle pas déjà , aussi , dans son chant de mort , la sinistre farandole des fantômes du Salzberg ?

" Mais ici , juste ici ,

  Entre une victime et ta souillure ,

  Entre un traître et toutes tes blessures ,

  Mon amour t 'appelle ... " ( 110 )

 

 

 

 

 

 

FIN DU RECUEIL

                            

 

 

                        ___

 

 

DAN AR WERN - CHEMINS D'ÂMES II - Nouvelles - 13 - Anna Bernhardt

( IVMon Amour T'Appelle ... ) - Tous droits réservés - Pep gwir miret strizh -All rights reserved .

" Chemin d 'Âmes " , copyright 2023 . 

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Notes :

107 - Mémorial d'Obernai en Alsace .

108 Septième Symphonie "

( 1904 / 1905 ) , dite " Le Chant de la Nuit " de Gustav Mahler ( 1860 - 1911 ) .

        Hôtel "Blauer Stern " ( Modra Hvezda ) à Prague , immortalisé par le film de Martin Fric avec l'actrice Natasa Gollova ( 1912 - 1988 ) et rendu célèbre par le séjour de nombreuses personnalités dont  Gustav Mahler .

109 - Annemarie Schwarzenbach ( 1908 - 1942 )

110 - Adaptation libre de la chanson de Leonard Cohen ( 1934 - 2016 ) : "Love Calls You By Your Name " , copyright Stranger Music Inc./ Leonard Cohen 1967 , dans son album " Songs of Love and Hate " - All rights reserved .

 

*  Mir ist Weh um Herz ! ( langue allemande ) = Mon coeur me fait souffrir !

** " Über allen Gipfeln

     Ist Ruh ... "

 Goethe - " Über Allen Gipfeln " ( 1780 )     

 

 

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25 mars 2023 6 25 /03 /mars /2023 17:29
Lady in Black Velvet ( Portrait of Eulabee Dix Becker ) by Robert Henri, 1911, High Museum of Art .

Lady in Black Velvet ( Portrait of Eulabee Dix Becker ) by Robert Henri, 1911, High Museum of Art .

 

CHEMINS D'ÂMES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II - NOUVELLES

 

 

 

 

             

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

13 - Anna Bernhardt

         ( III )

         

 

              

 

         

 

 

 

 

         3 - La Dame en Noir 

         

 

              

 

 

               Etendu , tout habillé sur sa couchette , bercé , sur ce long parcours , par le cadencement monotone et le roulis de la machine , il s'était mis , avant de dormir , à rêver , plein de nostalgie ,  à une mystérieuse " Dame en Noir " qu'il avait aperçue , jadis , priant avec ferveur dans la crypte d'une église de Strasbourg ,  mais si vite disparue , lorsque , éveillé par le bruit , l'excitation de la croisière en mer , il avait eu , bouche bée , la même vision lumineuse où elle lui apparaissait encore à peine visible , coiffée d'une capuche ...

               Qu'y avait-il donc entre cette  passante et moi-même ? , se mit-il à se torturer dans l'incertitude et la peur . 

- Approche donc , mon ami ! Quelle sorte de visage a été le tien ? , demandait-elle à cette ombre inerte en uniforme allongée à l'arrière du sous-marin , pensant , peut-être , au regard curieux de l'homme déchu qui , aux jours de sa jeunesse , l'avait fugitivement désirée avant de l'envoyer ensuite comme les autres , dans l'indifférence , quelques années plus tard , vers la mort ! 

               Qu'avait-elle à voir avec ce monstre sauvage , d'ailleurs , tapi dans l'inconscient de l'ancien agent du Reich ? Elle le voyait flotter , silhouette horrible planant en silence au milieu de ténébreux nuages , dépouille inutile ayant , disait-on , naguère , fait trembler le monde et qui , désormais , toute rabougrie , n'était plus qu'une petite boule sans couleur mendiant la sienne , dont l'éclat de turquoise bleu-vert scintillait , au contraire , sur une banquise d'aurore boréale illuminant le coeur de quelques rescapés d'un abominable bagne nazi !

Dérision ! , songea-t-elle , abasourdie de lentement se découvrir dans les reflets d'une existence aussi désastreuse , qu'elle n'aurait , croyait-elle , pas eu le courage elle-même de choisir !

               Cette nuit-là , elle s'en souvenait encore de la veille de Noël selon l'échelle des jours terrestres , quand elle s'était sentie entraînée malgré elle , par une force inconnue , dans cette petite chapelle des rives neigeuses du Rhin ... La jeune femme avait eu , alors , l'impression de voir un reflet de sa propre image dans celui d'une " pierre vivante ,

écarlate , montant d'un globe terrestre " aux pieds de la Vierge ! ( 104 )

Un rayon puissant lui était tombé sur la tête , l'attirant de son halo blanchâtre à l'intérieur d'une ville aux parois obscures , mais brillant à l'extérieur de tous ses feux , glissant silencieuse au milieu de l'encre céleste , et qui , maintenant , faisant défiler à la même vitesse chacun des instants de sa vie , l'emmenait à une allure vertigineuse jusqu'à une lointaine étoile , véritable Oeil de Dieu irradiant de sa Conscience immuable la totalité des vibrations de

l'univers , matrice cosmique transmutant , par son eau spirituelle composée de myriades de gouttes de lumière , les formes les plus diverses d'énergie et de matière en milliers de vagues de poussière intergalactique d'âmes régénérées ! ( 105 ) 

               Donc , ce jour était arrivé , imagina le poète , un jour d'astre clair où "comme un oiseau sur la plus haute branche " , la princesse ressuscitée , puisque le temps n'existe pas , venait renaître ici transformée , à travers ses corridors , courte escale dans le ventre d'une nouvelle mère avant de repartir à l'aventure dans le dédale des apparences , ne laissant derrière elle qu'un merveilleux écho d'étoile filante , inoubliable souvenir de ses yeux éblouissant d'un radieux sourire le miroir de l'Indicible ! ( 106 )

 

 

 

 

  

( A Suivre )

                            

 

 

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DAN AR WERN - CHEMINS D'ÂMES  - II - Nouvelles - 13 - Anna Bernhardt

( IIILa Dame en Noir ) - Tous droits réservés - Pep gwir miret strizh -All rights reserved .

" Chemin d 'Âmes " , copyright 2023 . 

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Notes :

104 - Dictionnaire du Cycle de L'Etoile ( I ) , V - De Locis Mundorum , 7 - Un Coeur de Pierre - Copyright 2022 Dan Ar Wern / OmniScriptum S.R.L Publishing Group - Alle Rechte Vorbehalten .

105 Dictionnaire du Cycle de L'Etoile ( I ) , V - De Locis Mundorum , 3 - Auberive I  , 4 - Oeil de Dieu , Soleil D'Or - Copyright 2022 Dan Ar Wern / OmniScriptum S.R.L Publishing Group - Alle Rechte Vorbehalten .

106 - " Un Jour , un Jour ... " de Louis Aragon ( 1897 - 1982 ) , extrait du poème " Fable du Navigateur et du Poète " ( La Grotte ) dans "Le Fou d 'Elsa " ( 1963 ) - Tous droits réservés . 

 

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